Ville sur Haine : non à une zone de stockage d'énergie
Publié le 29 juillet 2022 à 16:39Incompréhension totale, voilà le sentiment exprimé ce matin par les dirigeants de la société Eneco face à la décision du collège communale du Roeulx. En effet, les autorités communales ont notifié leur décision ce jeudi à la société, le refus quant à l’octroi d’un permis unique de classe 2 pour leur projet de stockage par batteries à Ville sur Haine. Les explications avec Audrey Decroës, Pascal Auvertus et Charles Sauvage
Construire et exploiter une installation de stockage d'énergie électrique de 50 mégawatts en zone industrielle à Ville sur Seine. Voilà le projet qui faisait l'objet d'une demande de permis par la société Eneco auprès de la commune du Roeulx. Un permis refusé par les autorités rhodiennes pour plusieurs raisons, la première étant la localisation proposée pour cette installation.
« Tout près de l'ancien canal, de l'ancien ascenseur, donc dans cette zone protégée du canal du Centre. On se situe également tout près d'une zone Natagora, vraiment contigüe à cette zone-là. On est également tout près d'habitations et du site d'UCB dont on attend toujours la dépollution » présente Benoit Friart, le bourgmestre du Roeulx.
Le deuxième argument avancé tient aux risques encourus par de telles installations. Celui qui est dénoncé, c'est le risque d'incendie.
« Il faut savoir que ce sont des batteries au lithium ou cobalt. On sait que ce sont des matériaux qui sont très inflammables. Comme je l'ai dit, on est situé tout près d'habitations. Donc risques d'incendie toxiques. Il faut savoir aussi qu'on n'est pas tout près d'une caserne de pompiers » ajoute le bourgmestre.
À ces premiers motifs de refus, la société Eneco répond que toutes les règles en matière de proximité, de respect de l'environnement ou encore de sécurité ont été envisagées et respectées.
« Je pense que la commune est allée en fait à l'encontre du rapport de synthèse des fonctionnaires techniques et délégués de la Région wallonne qui ont instruit le dossier de la demande de permis et qui ont déposé leurs recommandations et leur proposition de décision à la commune » avance Serge Baudhuin, Project Manager BESS.
Malgré l'avis favorable des études d'expertise menées par les fonctionnaires wallons, la commune du Roeulx s'est effectivement prononcée contre ce projet. Le contexte n'est évidemment pas neutre. Le dossier de la Boucle du Hainaut pousse les communes à une vigilance extrême et cela, même si Eneco affirme que ces deux projets sont totalement indépendants.
« C'est ce qu'ils disent. Mais de toute façon, on est certain qu'on n'échappera pas à une ligne haute tension, encore une fois pour ramener le courant et puis pour aller le rechercher par la suite. C'est inévitable que ce soit la boucle du Hainaut ou un autre projet » affirme Benoit Friart.
La réaction d’Eneco a été très rapide avec d'ores et déjà un recours déposé auprès des ministres wallons compétents en la matière. Ce refus de permis suscitant une véritable incompréhension.
« On est excessivement inquiet parce que l'enjeu est énorme. On a longtemps dit il va y avoir un problème. En fait, aujourd'hui, on ne peut pas dire qu'il va y avoir un problème, il y a un problème. Cet hiver, vous savez qu'on parle de mesures de restriction, principalement sur le gaz, mais sur toutes les énergies. Si on avait investi plus dans l'éolien et les ressources renouvelables, on serait moins impacté aujourd'hui puisque, comme vous le savez, elles ne sont pas très dépendantes au niveau géopolitique. Il faut faire cette transition énergétique et aujourd'hui on est bloqué » déclare Miguel de Schaetzen, CEO Eneco Wind Belgium.
« Transition énergétique, ça peut se faire de différentes façons, mais c'est en tout cas quelque chose qui ne doit pas se faire sur le dos des citoyens. Il y a d'autres moyens de faire la transition énergétique qu’en installant plus d'un hectare de batterie. Imaginez-vous ce que ça représente ? » déclare le bourgmestre du Roeulx.
Le dossier est donc désormais entre les mains de la Région wallonne. Chaque partie a ses arguments. La décision est attendue dans les six prochains mois.