Soignies : un exosquelette scanne la Collégiale
Publié le 03 novembre 2022 à 16:28Vous vous souvenez sans doute des superbes images de la gare de Binche en 3D que nous avons diffusées la semaine passée. Son auteur, la société Immopass, nous a proposé de trouver un autre bâtiment dont elle créerait ce qu’on appelle un « jumeau numérique ».
C’est la Collégiale Saint-Vincent à Soignies qui cette fois a fait l’objet de cette digitalisation. Une opération dont la première phase s’est déroulée ce mercredi grâce à un appareil pour le moins intrigant.
Cet exosquelette, on l’a vu tourner autour de la Collégiale, parcourir sa nef dans tous les sens, slalomer entre les poutres de sa charpente. Cet appareil est en fait un scanner, conçu en Allemagne et qui embarque une technologie à la pointe pour digitaliser des bâtiments en 3D.
« Donc cet appareil est composé de deux scanners Lidar, plus de la photogrammétrie 3D qui va permettre de modéliser en temps réel et à la vitesse de la marche tout type de bâtiment. On va avoir 600 000 points par seconde, ils permettront de connaître les distances entre chaque point du bâtiment pour ensuite coloriser ce nuage de points et nous aurons ce qu'on appelle un jumeau numérique du bâtiment », explique Pierre-Louis Firre, le directeur technique d’Immpass.
Lorsque Jacques Deveseleer, qui fut conservateur de la Collégiale pendant près d’un quart de siècle, s’est vu proposer gracieusement un scannage de l’édifice sonégien, il n’a pas hésité longtemps avant de permettre à l’exosquelette d’en analyser les moindres recoins.
« Ce que je trouve très intéressant, c’est cette confrontation entre un bâtiment hautement patrimonial (on est sur un des bâtiments romans parmi les mieux conservés et d'une ampleur exceptionnelle en Wallonie) et cette technologie qui va nous permettre de faire toute une série de relevés, de pouvoir concevoir éventuellement des expositions, voir un éclairage, etc. tout simplement parce que nous aurons une nouvelle perception des volumes et de la Collégiale elle-même. »
Les exosquelettes de ce type se comptent sur les doigts de la main en Belgique. Immopass réserve cette technologie aux professionnels de l’immobilier ou de la rénovation. Le principal avantage : il ne faut plus compter en journée mais en heures pour mesurer le bâtiment.
« Il y a clairement un gain de temps sur place, affirme Pierre-Louis Firre. Ici, pour la Collégiale, on va passer 1h ou 1h30 pour scanner l'ensemble du bâtiment. Pour une maison, on est de l'ordre de 20 à 25 minutes. Vous vous rendez compte qu'un architecte ou un géomètre qui vient avec son télémètre ou même un modèle sur trépied va prendre beaucoup plus de temps. On parle de trois, quatre ou cinq fois plus de temps sur site. Et puis, une fois qu'on a ce modèle, ce jumeau numérique, la création de plans est vraiment accélérée. Parce que nous avons tous les points, toutes les dimensions sont déjà prises, il n'y a plus qu'à recopier, décalquer sur ce nuage de points pour recréer des modèles 3D extrêmement pertinents et précis. »
La technologie permet donc de reconstituer des documents qui auraient été détruits ou sont imprécis en donnant accès à une multitude de données et paramètres inaccessibles sans la digitalisation.
« On a certes des plans qui ont été faits dans le cadre notamment de la grande restauration de la collégiale qui s'est étalée de 1985 à 2009, mais qui sont des plans qui ont été réalisés sur une table de dessin, selon les techniques tout à fait traditionnelles, par l'architecte, auteur de projets de l'époque. Ici, se réjouit Jacques deveseleer, on est sur une technologie qui va nous permettre une approche en 3D et avec une perception des volumes totalement différente de ce plan papier en quelque sorte. »
Le président de la Fabrique d’église de la Collégiale ne doit plus que faire preuve de patience pour savoir si le résultat du scanning sonégien donnera un résultat aussi époustouflant que celui de la gare de Binche.