Soignies : fin de l'aventure pour Phylactère

Une véritable institution du commerce de Soignies fermera ses portes le 24 décembre. Phylactère, le seul magasin spécialisé dans la BD des environs, cessera ses activités. Les propriétaires ayant atteint l’âge de la pension, ils mettront la clé sous le paillasson, à leur grand regret sans avoir trouvé de successeur.

C’est le genre de boutiques dont on aime explorer la vitrine où découvertes et valeurs sûres se côtoient harmonieusement, ces boutiques qui offrent un univers si particulier lorsqu’on en pousse la porte. Si l’on y vend des livres, surtout, on y partage une passion. Depuis près d’un quart de siècle, Chantal et Dany accueillent tant les bédéphiles les plus avertis que le client à la recherche d’un cadeau.

Le 24 décembre, ils fermeront définitivement leur commerce. Sans trop de regrets. Le commerce dans le centre-ville ne se porte pas bien et les chalands sont de plus en plus rares et puis, le manga, qui représente 60% de leurs ventes, ce n’est pas leur tasse de thé, même si…

« C’est des jeunes qui venaient et c’est quelque chose qu'on va regretter. Beaucoup de jeunes venaient ici après l'école et discutaient. Mais il y a aussi le fait de se retrouver un peu dans une ville, dont le  centre dépérit peu à peu. Je suis sonégienne et j'ai connu la ville remplie de commerces. Maintenant, on voit autour de nous des magasins qui ferment et ne sont pas repris », déplore Chantal Quinquanpois.

Pourtant Phylactère attirait les bédéphiles bien au-delà de Soignies. Phylactère est adresse reconnue. Mais le monde de l’édition a changé.

« Avec les ordinateurs qui sont arrivés, il y a eu des dessins qui étaient un peu moins personnels, un peu plus aseptiés pour les couleurs. Avant, il y avait des coloristes. Maintenant, ce sont des couleurs par ordinateur », regrette Dany Quinquanpois.

A l’affût des nouveautés et des jeunes talents, Chantal et Dany n’hésitaient pas à « pousser » les BD qui leur plaisaient et à déconseiller certains grands noms qui sombraient dans la facilité et publiaient sur leur réputation.  Une rigueur reconnue dans le milieu et de nombreux auteurs ont fréquenté leur boutique et sont devenus des proches. La retraite étant là, Chantal et Dany vont pouvoir vivre encore plus intensément leur passion.

« On pourra à ce moment-là aller en festival bédé, voir les auteurs, se réjouit le futur retraité. Avant, c'était le dimanche uniquement puisque bien souvent j'étais le samedi ici. Donc on pourrait partir dès le vendredi pour profiter un peu. Vendredi, samedi et dimanche ! »

Il reste aussi les 8000 BD de leur collection personnelle à redécouvrir et le couple bédéphile espère toujours trouver un repreneur à qui il est prêt à distiller ses bons conseils pour que perdure ce bel espace de fantaisie, d’aventure et de culture mis en cases et phylactères.