NLMK : l’Europe devra intervenir
Publié le 18 octobre 2022 à 16:50Les sanctions à l’égard de la Russie vont désormais aussi concerner le groupe NLMK en Belgique. L’entreprise a néanmoins 2 ans pour dégager des solutions et assurer son avenir. Des démarches sont déjà en cours mais elles s’annoncent difficiles.
Dans son dernier lot de sanctions contre la Russie, l’Union européenne a décidé de viser, entre autres, les importations et exportations de produits sidérurgiques semi finis. Cela concerne notamment les brames utilisées par les usines de NLMK à La Louvière et Clabecq. Des matières premières indispensables à la production.
Afin de permettre aux industries concernées de trouver des alternatives pour leur approvisionnement, l’Europe a néanmoins décidé d’accorder un délai de 2ans avant l’entrée en application totale de ces nouvelles sanctions.
1200 emplois sont en jeu
L’enjeu est donc désormais pour le groupe sidérurgique, dont l’entité belge est détenue à parts égales entre NLMK et la région wallonne, de trouver des brames ailleurs qu’en Russie. Et ce dans des volumes suffisants et à des prix concurrentiels. Un défi dont dépendra la pérennité des usines en Wallonie. Des implantations qui occupent 1200 travailleurs à La Louvière, Clabecq et Manage.
Et NLMK Belgique n’a pas attendu les dernières sanctions pour sonder le marché. Ce qu’a confirmé le ministre wallon de l’économie ce mardi en Commission du Parlement de Wallonie. « Le management de NLMK Belgique travaille depuis le début de l'invasion russe à la diversification des approvisionnements en brames et discute avec des fournisseurs potentiels en Europe mais aussi aux quatre coins du monde,…, mais ces échanges ne permettent pas pour le moment de proposer des brames en volume suffisamment important et un prix suffisamment compétitif et qui serait donc l'alternative par rapport aux approvisionnements actuels en provenance de Russie et d’Ukraine », a indiqué Willy Borsus (MR).
La Commission européenne aura donc aussi un rôle à jouer afin de garantir les conditions d’une saine concurrence entre les différents acteurs européens de l’acier. « On sait que ce marché est un marché ou les fluctuations sont régulières et parfois importantes. C'est là que la Commission a également un rôle essentiel à jouer auprès de ces producteurs européens. Dans une situation de marché favorable, ils seront enclins à favoriser une consommation interne plutôt que de vendre leurs brames aux concurrents comme NLMK » a précisé le Vice-président du gouvernement wallon.
Un besoin de régulation européenne
Le rôle de la Commission européenne sera donc crucial dans ce dossier. Une commission qui devra notamment résister aux pressions plus ou moins directes de certains acteurs du dossier qui pourraient tirer profit des éventuelles difficultés de NLMK. Ce que craignent d’ailleurs les organisations syndicales. « Nous avons appris que des concurrents industriels ont fait pression afin qu’il n’y ait aucune période de transition et que les sanctions soient effectives immédiatement. À elle seule, cette manœuvre montre à quel point les capitalistes n’ont aucun respect pour la classe travailleuse, pourtant l’élément central de la production de richesses de nos sociétés. Nous ne manquerons pas de dénoncer cette tentative perverse de la part de profiteurs de guerre » ont indiqué la FGTB et le Setca.
Un dossier sensible qui sera prochainement au cœur d’une réunion entre le gouvernement wallon et la Commission européenne.
A. Laurent