La Louvière : les travailleurs de Delhaize mobilisés
Publié le 14 mars 2023 à 14:40 - Mis à jour le 14 mars 2023 à 11:18Une semaine après avoir annoncé sa volonté de franchiser l'ensemble des magasins encore sous sa gestion, Delhaize réunissait ce matin son conseil d'entreprise. Un rendez-vous que les travailleurs ne voulaient évidemment pas manquer. Ils étaient plus d'une centaine ce mardi matin à prendre le car direction Zellik. Audrey Decroës et Carlo Schirosi les ont rejoints avant leur départ.
« Je travaille pour Delhaize depuis 31 ans, 22 ans, 42 ans » déclarent trois travailleurs de chez Delhaize.
C'est certainement l'un des points communs entre la centaine de travailleurs rassemblés ce mardi matin à La Louvière. Une carrière professionnelle intimement liée au nom Delhaize. Depuis l'annonce, la semaine dernière, de la volonté de franchiser les 128 magasins encore sous la direction du groupe, le personnel ne décolère pas. Fortement mobilisés, ils entendaient faire passer un message clair à la direction en ce jour de conseil d'entreprise : un non catégorique à la franchisation.
« Il ne faut pas oublier que dans les magasins Delhaize intégrés, il y a quand même toutes les familles entières qui travaillent. Ce sont des couples, les mamans papas, les enfants. Donc évidemment que nous espérons que la direction va faire machine arrière » explique Monika Angerman, la déléguée Setca-Centre Delhaize.
Depuis mardi dernier, la quasi-totalité des enseignes concernées est restée portes closes. C'est toujours le cas dans notre région, à Epinois et Morlanwelz. La mobilisation ne faiblit pas. Une mobilisation à la hauteur du traumatisme ressenti.
« C'est honteux ce qu’ils nous font. En arrivant en bout de carrière. Et qu'est-ce qu'on va avoir ? Zéro. Il faut quand même qu'on se battent pour nos salaires. C'est quand même important dans la vie, je trouve. On s'est toujours bien adapté, on a toujours bien travaillé, s'adapter à leurs conditions. Et maintenant, voilà, on est vendu comme rien du tout, comme des animaux. On vend le bâtiment, on vend le personnel. On ne sait pas dans quoi on va rebondir, vers quoi on va aller. On nous promet, mais on ne croit rien du tout, du tout » témoignent trois travailleurs.
Dans ce combat, le personnel peut compter sur le soutien des clients. Une pétition lancée samedi dernier a déjà récolté plus de 35 000 signatures. Un soutien qui compte.
« C’est ce qui est très important. Tous les clients qui passent à côté, ils nous encouragent, ils nous soutiennent. Ils sont vraiment surpris aussi. Moi, ça fait plus de 25 ans que je travaille chez Delhaize. Ça fait treize ans que je suis au magasin d’Epinois et j'ai connu des enfants qui sont devenus ados. Ils sont venus faire les jobs étudiants chez nous et voilà. Ce sont des clients très fidèles qui imaginent pas qu'ils ne retrouveront plus justement des collaborateurs qu'ils côtoient tous les jours » conclut la déléguée syndicale.
Il était un peu plus de 7 h ce matin lorsque les deux cars affrétés ont pris la direction de Zellik. L'espoir est ténu, mais il est contrebalancé par une volonté solide de se faire entendre.