Epinois : les travailleurs de Delhaize tiennent le coup
Publié le 05 juin 2023 à 12:05Les semaines se suivent et se ressemblent pour les travailleurs de chez Delhaize. Depuis maintenant 13 semaines, ils maintiennent la pression pour tout simplement tenter de savoir de quoi demain sera fait. Entre peur, fatigue et colère, les actions se succèdent. Audrey Decroës et Amandine Payen ont rejoint des 'Delhaiziens' ce samedi matin à Epinois.
Alors que le Delhaize d’Epinois a, à peine ouvert ses portes, certains de ses employés se retrouvent à la limite du parking, sur le trottoir. Ces journées de week-end leur permettent d'être plus nombreux, d'être ensemble et d'agir, tout en partageant leur état d'esprit.
« Il y a des gens qui sont abattus. Toujours des gens qui sont perdus, qui se demandent encore maintenant ce qui va leur arriver puisqu'on ne sait toujours rien. Et la peur en plus, puisque vous savez, il y a parfois un policier qui vient à notre rencontre alors qu'on ne fait rien de mal. Les gens s'essoufflent, mais on essaie du mieux qu'on peut de tenir le coup » déclare Jessica Giovannini, déléguée syndicale CNE et travailleuse au Delhaize d’Epinois.
C'était le 7 mars dernier. Le groupe Delhaize annonçait sa volonté de franchiser ces magasins intégrés. Depuis, fermeture, grèves, piquets, arrêts de travail se sont enchaînés. Les travailleurs s'adaptent aux différentes décisions de justice. Après treize semaines de combat, d'autres types d'actions sont menés.
« En gros, tant qu'on ne touche pas au portefeuille du Delhaize, ils peuvent continuer à manifester. Donc, comme vous voyez ici le week-end, on est un peu plus visible. Ils sont un peu plus visibles parce qu’ils se mettent dans le parking ou sur la voie publique. Mais ça continue aussi la semaine, avec des arrêts de travail à l'intérieur des parties ‘sociaux’, tout ce qui est réfectoire. Et voilà. Donc il y a rien qui peut être fait réellement dans la surface commerciale proprement dite. On fait, ce qu'on appelle des piquets filtrants, c'est à dire que nous sommes sur le lieu de notre travail et nous essayons de parler aux gens, de les informer. Alors on les laisse décider eux-mêmes d'entrer dans le magasin ou pas, puisque bon, on ne peut pas leur interdire de rentrer. Donc on veut que les clients nous voient pour justement qu'ils sachent que ce n'est pas terminé » expliquent Giovanni Buscemi, secrétaire permanent Setca Centre et la déléguée CNE
À cela s'ajoute une organisation entre les employés, une sorte de roulement alternant périodes de grève et périodes de travail. Une autre manière de tenir sur la longueur et de rester mobilisés.
« La mobilisation est toujours bien présente. Vous pouvez le voir, que ce soit sur la voie publique ou encore la semaine passée, on était sur le parking privé autant à Épinois ou encore à Morlanwelz. Oui, ils sont encore bien mobilisés. Pour le conflit social proprement dit et pour le conflit qu'ils ont avec avec l'employeur, on n’a pas avancé d’un iota depuis, depuis le 7 mars » ajoute le secrétaire permanent.
Et c'est là sans aucun doute la donnée la plus difficile à gérer ne pas savoir de quoi demain sera fait. Les équipes se serrent les coudes et tiennent le coup.
« Quand on est chez soi, parfois on est abattus. Mais bon, quand on est entre collègues, on se motive les uns les autres. On est soutenu entre nous simplement par les délégués syndicaux qui sont avec nous, pour nous soutenir. Certains clients viennent nous parler. Ils nous disent qu’ils sont solidaires avec nous et ça nous fait plaisir » conclut Jessica Giovannini, travailleuse chez Delhaize.
Impossible de déterminer combien de temps encore durera ce mouvement. Une certitude pourtant, cette volonté des travailleurs de tenir bon. Ces 13 semaines écoulées et les éventuelles suivantes ne le seront pas en vain.