Edito : coup de chaleur politique sur fond de vague de froid !
Publié le 12 février 2021 à 11:20 ven 12/02/2021 - 11:20
Dans la cité des loups, il est désormais notoire que la communication politique, voire la politique tout court, se pratique sur les réseaux sociaux. Il suffit d’un fait, d’une image, d’une photo ou d’un commentaire pour que la toile s’enflamme et que conseillers communaux (certains) et échevins (certains) s’écharpent sous les regards et réactions, amusés ou consternés, d’une frange de la population qui aime se retrouver dans la même cour de récréation. Les réseaux sociaux sont capables du meilleur comme du pire. Un terrain parfois glissant où la fracture peut se produire au moindre dérapage de clic.
On pourrait être amusé par cet humour potache ou ces querelles de clochers et d’ego. On pourrait simplement en sourire et considérer ces expressions comme des éléments dont la portée est négligeable. Ce n’est hélas pas le cas ! L’image de l’ouvrier qui sale les routes à la main a fait le tour du WEB et donc du monde. Et elle constitue clairement une atteinte à la crédibilité d’un service, d’une administration et d’une ville entière. Une pincée de pixels suffit à détruire une réputation élaborée patiemment par le travail, le dévouement et le sérieux.
Au-delà de ce fait d’hiver spécifique, ce qui devient vraiment très lourd à supporter et à subir pour les observateurs neutres que nous sommes, c’est le manque de hauteur des débats qui doivent se tenir au sein du conseil communal. A La Louvière, la majorité gouverne et l’opposition s’oppose. Certes, chacun est dans son rôle, le joue et le sur-joue parfois. Mais la démocratie gagnerait assurément si un vrai dialogue, argumenté, construit et pédagogique - à défaut d’être démagogique - s’instaurait entre les parties et les partis. L’évidence saute aux yeux ; ce qu’il convient de dégeler en priorité ce sont les relations entre les élus du peuple. Sans réaction, ce mauvais feuilleton pourrait déclencher, demain, une avalanche sur la démocratie locale.
Pour l’instant, il neige à gros flocons sur le lac de la majorité et ce sont tous les représentants politiques qui patinent. La situation est symptomatique du mauvais fonctionnement d’une démocratie communale qui, en plus, est maintenant accessible et visible par tous les louviérois, et en intégralité, via la page Youtube de la ville. Il n’est pas certain que la mauvaise série en cours attire le citoyen lambda et le pousse à s’intéresser, avec attention et considération, à ses édiles et à leurs actions. La démocratie est fragile. On le sait tous. Les exemples ne manquent malheureusement pas. Et il ne faut remonter très loin dans l’histoire politique de la capitale du Centre pour se souvenir d’une sombre soirée électorale de 1994 …
Depuis sa création, La Louvière, 5ème ville de Wallonie, a toujours été contrainte de se battre deux fois plus que les autres grandes villes wallonnes pour obtenir son juste dû. Une persévérance et une combativité face parfois à de cruelles injustices qui n’ont jamais pour autant conduit les loups à verser dans les excès. Dans une société chamboulée comme la nôtre par un ouragan sanitaire et économique sans précédent, les hommes et les femmes politiques, comme les autres acteurs de notre démocratie, y compris les médias, devraient s’en inspirer et eux aussi redoubler d’exemplarité et de respect.
Dans les jours qui viennent, le bourgmestre réunira les chefs de groupes pour tenter de remettre sur le droit chemin une confiance en dérapage incontrôlé. On ne peut que lui souhaiter d’y parvenir. L’opération d’équilibriste nécessitera tact, écoute, diplomatie et engagement, non seulement pour inciter les élus à une « utilisation éthique et responsable des nouveaux médias » mais surtout pour convaincre que le respect mutuel est la meilleure protection contre les avis de tempête.
Michel Bellefontaine
Rédacteur en chef