Delhaize : nombreuses inquiétudes suite à la franchisation
Publié le 07 mars 2023 à 16:36Suite à l'annonce du conseil d'entreprise extraordinaire de Delhaize de franchiser 128 magasins intégrés, la plupart des Delhaize intégrés ont fermé leur porte en signe de protestation. Les travailleurs craignent pour leur emploi et n'ont reçu aucune garanties de la direction. Dans la région du Centre, deux magasins sont concernés, Epinois et Morlanwelz, soit 160 personnes. Catherine Debue et Charles Sauvage se sont rendus sur place.
''C 'est une bombe qui a été annoncée. J'ai vu des gens pleurer ce matin, j'ai vu des gens très tristes et maintenant je pense que dans les prochains jours, il faudra avoir une ligne de conduite par rapport à une réaction. On espère que les négociations vont avoir lieu et que la raison va l'emporter sur le profit'', Lucas Cragnaz, travailleur Delhaize.
''Tout le monde est solidaire parce que tout le monde est choqué et donc le mouvement a bien suivi. Je sais que dans le secteur, tous les Delhaize sont fermés et je pense que l'action va durer plusieurs jours'', Jessica Giovannini, déléguée correspondante CNE Delhaize Epinois.
Partagés entre tristesse et colère, les travailleurs ont réagi dès l'annonce du conseil d'entreprise extraordinaire de Delhaize de franchiser 128 magasins intégrés en fermant les portes des établissements d'Epinois et Morlanwelz.
Monika Angerman, déléguée Setca Centre pour Delhaize:
''Mais qu'est-ce que ça changera pour nous? Beaucoup de choses déjà : nos conditions de travail, des charges, nos règlements, des salaires, tout cela va changer évidemment. Après, travailler pour Mr Delhaize ou Mr X, ça nous dérange pas, du moment que nous gardons tous le même salaire que maintenant, les mêmes conditions de travail et mêmes avantages évidemment. C'est pas pour ça qu'on s'est battu quand même pendant des années pour avoir, ce que nous avons aujourd'hui''.
Justement, est-ce que vous avez eu des garanties par rapport à ça?
''Pas du tout. C'est un peu un copier-coller de Mestdagh-Intermarché. On rentre dans la loi 32 bis. Qu'est-ce que ça veut dire ? Un franchisé peut nous garder pendant six mois et après il fera ce qu'il voudra. On va quand même essayer de négocier plus que ça''.
Solidaires, d'anciens travailleurs n'ont pas hésité à venir sur place.
Anastasio Herrera, travailleur pensionné Delhaize :
''C'est un dégoût énorme parce que la direction montre depuis qu'on a vendu à Ahold, la direction ne montre aucun respect pour le personnel et pour les êtres humains qui ont tant donné pour ces sociétés''.
Tous, en tout cas, sont prêts à défendre leurs emplois et leurs avantages.
Lucas Cragnaz, travailleur Delhaize :
''On veut surtout maintenant des éclaircissements. On a beaucoup de questions, on se pose beaucoup de questions, donc on a besoin de réponses à nos questions, que ce soit par rapport à nos syndicats et par rapport à notre direction. Des éclaircissements et on veut aussi, je pense, une sécurité. Et comme je dis ici, beaucoup de gens travaillent chez Delhaize depuis des années. Beaucoup de gens travaillent à deux chez Delhaize. Donc voilà une grande incertitude et une grande peur, je pense. Elle est aujourd'hui présente".
Pas encore au courant du mouvement, de nombreux clients sont rentrés chez eux avec un sac vide.
Jessica Giovannini, déléguée correspondante CNE Delhaize Epinois :
''On s'excuse pour tout ça parce qu'on sait que ce sont des choses qu'on voudrait éviter. Mais si on fait ça aussi, c'est pour eux, parce que nous, on voudrait rester là et être toujours souriant et au mieux pour eux. On a toujours fait au mieux pour avoir un service clientèle au top qu'on ne trouve pas ailleurs. Mais là, on n'a pas trop le choix de fermer. On s'excuse auprès des clients, mais j'espère qu'ils nous comprendront au maximum''.