Binche : les travailleurs sociaux réclament plus de moyens
Publié le 25 avril 2023 à 12:45Manque d'effectifs, financement insuffisant, charge de travail en augmentation constante, autant de facteurs qui pèsent sur la qualité de l'aide sociale. Dans la région du Centre, plusieurs CPAS ont voulu sensibiliser la population et les pouvoirs publics sur la question, à travers un arrêt de travail ce matin. C'était notamment le cas à Binche.
L'arrêt de travail se veut symbolique. Une heure de mouvement pour attirer l'attention sur les difficultés des travailleurs des services sociaux. Des services toujours plus sollicités.
" On va de crise en crise ", explique Valentin Pletinckx, éducateur CPAS et délégué principal adjoint CGSP de Binche. " On a eu la crise covid. Ensuite, on a eu la guerre en Ukraine, donc l'accompagnement des Ukrainiens et la crise énergétique qui s'ajoutent à la charge de travail habituelle. Avec l'inflation, le nombre de dossiers n'est pas près de diminuer. Les agendas des travailleurs sociaux sont remplis et on n'arrive plus à faire un travail social correct. C'est du travail à la chaîne. Pour avoir un rendez-vous, le citoyen doit parfois attendre quinze jours, ça ne va plus."
Une situation intenable dénoncée par la CGSP qui revendique des mesures de soutien au secteur.
" On demande vraiment un refinancement des CPAS", poursuit Valentin Pletinckx. " On demande l'engagement supplémentaire d'assistants sociaux, d'éducateurs, etc. On demande un financement pérenne des CPAS. Parfois, on a des subsides ponctuels et quand ça s'arrête, il y a des emplois qui ne sont pas prolongés et ça pose un réel problème."
Jean-Luc Fayt, président du CPAS de Binche se tenait aux côtés du personnel, ce matin. Il approuve le mouvement tant la forme, qui ne perturbe en rien le fonctionnement des services ni l'accueil des bénéficiaires dès 9h, que sur le fond des inquiétudes exprimées.
" Quand je suis arrivé comme président de CPAS en mai 2015, nous avions un comité social spécial un jeudi par mois ", se souvient-il. " Il commençait à 8 h 30 et à 13h , il était terminé. Aujourd'hui, nous en avon sau minimum trois par semaine et ils se terminent à 16 h. C'est vous dire l'augmentation considérable qu'il y a. Et il faut bien constater qu'un dossier pour 100 € prend exactement le même temps qu'un dossier pour 1250 € parce que l'enquête est exactement la même."
Et si le président du CPAS de Binche reconnait que des subsides ciblés sont accordés par les pouvoirs publics de tous niveaux, il plaide, de son côté, pour plus de souplesse dans leur attribution et plus de considération.
" Si on nous donnait une somme, si on nous faisait un peu confiance, et que cette somme, on puisse l'utiliser en fonction de nos besoins, en fonction de nos projets, en fonction de nos perspectives. Le CPAS de Binche n'a pas les mêmes projets que le CPAS de La Louvière ou que le CPAS d'Estinnes. On n'est pas obligé de faire tous la même chose. Mais nous sommes dans un secteur dont on ne parle pas beaucoup, dont on ne veut pas trop parler parce qu'en réalité c'est un peu la face cachée d'une société qui éprouve des difficultés. On dit que la situation est grave mais, d'un autre côté, on ne parle pas suffisamment des gens qui travaillent à y remédier", regrette le président du CPAS binchois.
Le personnel attend désormais des réponses concrètes à ses sollicitations.
N. Elet