Binche : la détresse d'une famille de louageurs
Publié le 26 janvier 2022 à 16:31A Binche, l’annulation du carnaval 2022 a ravivé les craintes des artisans du folklore. Déjà fortement impactés par la crise sanitaire, cette nouvelle décision pourrait être synonyme de fin d’activité pour certains d’entre eux. C’est le cas d’un louageur qui envisage de se reconvertir.
Dans cette maison d’habitude particulièrement animée en cette période, seul le bruit d’une machine à coudre rappelle encore l’activité première des lieux. Une activité en passe de s’éteindre.
« Les autres années, on en a toujours un petit peu marre de l'entendre mais ici c’est vrai qu’on ne l'entend plus beaucoup. On l’avait remise en route en espérant avoir carnaval cette année. Ce sont ses dernières minutes de fonctionnement pour cette année. Et puis, si mon père continue, peut-être que dans le futur, il la remettra en route. »
Quentin Kersten a débuté le métier de louageur aux côtés de son papa il y a une vingtaine d’année. Comme les autres artisans du folklore, l’entreprise familiale est frappée par la crise sanitaire. L’annulation du carnaval de Binche 2022 a été l’annonce de trop. L’aide de 6000 euros proposée par la Ville aux louageurs ne sera pas suffisante pour anticiper l’avenir sereinement. En chômage Covid depuis 2 ans, Quentin pense maintenant à se reconvertir.
« 6000 euros, ça veut dire qu'on va pouvoir vivre deux mois, trois mois, au grand maximum. Je vais commencer à chercher de l’emploi. Maintenant, ce n'est pas dit que dans le futur, si c'est un emploi qui ne me convient pas à long terme, je ne reviendrai pas travailler ici. Mais si je trouve quelque chose dans lequel je m’épanouis avec un salaire décent et des jours de congé, on va réfléchir à deux fois avant de revenir. Je vais voir dans les prochaines semaines comment ça va tourner au point de vue carnaval. Le temps de chercher un emploi et de signer, à mon avis, juste après Pâques, ce sera fini. »
Une décision difficile à prendre mais qui semble inéluctable pour ce jeune louageur. Un désarroi partagé par les autres artisans binchois. Depuis lundi, les marques de soutien se multiplient à leur égard.
« J'ai demandé à louer un apertintaille. Les temps sont très difficiles pour les louageurs. Je le mettrai à ma fenêtre pour dire “Voilà, je suis Gilles, je suis solidaire de mon carnaval” ».
« Nous sommes sans argent. Il faut continuer à faire vivre la maison. J'ai encore un emprunt pendant cinq ans. Je dois continuer à le payer et on n'y arrive plus. C'est réel. Ce n'est pas du blabla, c'est pas de la pression qu'on met. On arrive à une issue actuellement. Quentin a décidé d'arrêter, sans lui, je ne pourrai pas suivre. L'issue fatale serait de revendre. », s’inquiète Karl Kersten.
Une piste sérieusement envisagée par Karl Kersten et son épouse. C'est tout un savoir-faire qui disparaîtrait. La suite de la saison carnavalesque sera déterminante pour la famille.
M. Pintus